|
mercredi 2 février 2005, 7h56
A Reims, Skywater veut convertir la France à la récupération d'eau de pluie
REIMS (AFP) - Profiter d'une météo pluvieuse pour réaliser un geste
écologique et des économies sur sa facture d'eau: à Reims, l'entreprise
Skywater a commencé depuis un an à convertir la France à la
récupération de l'eau de pluie, pratique déjà courante dans le nord de
l'Europe.
"Nous avons 300 projets en cours auprès d'industriels, de collectivités
et de particuliers", raconte Willy Rohdmann, 34 ans, qui a fondé
Skywater en janvier 2004 avec un ancien collègue, Loïc Gouzien, 40 ans.
Les deux dirigeants, venus du monde de
l'informatique, cherchaient depuis plusieurs années à créer une
entreprise dans le domaine de l'écologie, quand ils ont découvert que
la France était très en retard par rapport à ses voisins dans le
domaine du recyclage de l'eau de pluie.
"Cela fait 30-40 ans que ça existe en Allemagne et en Belgique, et on
compte 100.000 installations par an dans les pays du nord de l'Europe",
explique M. Gouzien. "En France, il n'y avait quasiment rien: seulement
quelques fournisseurs locaux ou alors des plombiers qui proposaient le
même type de cuve à tout le monde".
Un an plus tard, Skywater, qui veut créer un réseau national de
concessions, en a ouvert trois, dans la Marne, l'Aube et
l'Ille-et-Vilaine. Six autres devraient voir le jour d'ici juin, avec
pour objectif d'en avoir 25 fin 2006.
Le système, breveté par l'entreprise allemande leader du marché
européen, permet de connecter les gouttières du toit à une cuve
souterraine où l'eau est filtrée et stérilisée pour pouvoir être
utilisée dans les toilettes, la douche, la lessive... tout sauf un
usage alimentaire direct (boisson, cuisson des légumes, etc).
A chaque commande, une étude précise de la météorologie locale et de la
consommation du client permet de proposer une cuve sur-mesure: "on
achète les données de Météo-France, pour être le plus précis possible,
car à 10 km près, on peut avoir une différence de plusieurs centaines
de millimètres de pluie par an", indique M. Rohdmann.
Pour un investissement d'environ 5.000 euros, un foyer moyen réalisera
une économie de 53% sur sa facture d'eau, avec des avantages connexes,
par exemple un moindre besoin de lessive car l'eau de pluie contient
peu de calcaire.
"Pour une entreprise, cela donne une image positive" en plus des
économies réalisées, estime M. Gouzien, la récupération de l'eau de
pluie s'intégrant à la démarche Haute qualité environnementale (HQE).
Dans la région, les maisons de champagne se montrent intéressées:
"c'est le chlore qui donne parfois un goût de bouchon au champagne
quand les bouteilles sont rincées: dans l'eau de pluie, il n'y en a
pas!", assure M. Rohdmann.
Plus loin, ce sont les communes qui préparent la construction de
nouveaux lotissements qui sollicitent l'entreprise, ou encore les
stations de lavage de voitures, très gourmandes en eau.
Heureux de constaster un tel engouement, les fondateurs de Skywater
sont convaincus que les industriels et les collectivités joueront les
"défricheurs" pour donner envie aux particuliers de s'équiper, sans
savoir si c'est la hausse constante du prix de l'eau ou les motivations
écologiques qui serviront de déclic |